Architecte, un travail difficile ?

- par Le bahutier, architecte. Transformons nos métiers !

Que répondez-vous lorsqu’un jeune vous demande si « architecte » est un travail difficile ? Nous avons tous des réponses différentes, entre encouragements et mises en garde. Parfois, j’ai envie de leur dire la vérité. Leur dire qu’être architecte n’est pas un travail !

Ce n’est pas un travail, c’est un devoir. Comme celui d’un médecin urgentiste qui ne peut pas être malade sans conséquences. C’est un devoir envers la société, envers les hommes, les femmes et les enfants, envers l’humanité, envers la vie sur cette planète.

C’est un devoir comme celui du religieux faisant vœux de chasteté. Le temps nous manque, le stress n’aide rien et toute activité horizontale s’en retrouve impactée, à commencer par le sommeil.
C’est un devoir qui prend aux tripes. Un architecte ne respire pas pareil, ne dort pas pareil, ne digère pas pareil, ne marche pas pareil qu’un autre être humain.

C’est un devoir difficile, parce qu’il est souvent incompris, réalisé avec le plus grand acharnement, dans une indifférence et une incompréhension générale, pourtant pour le bien de tous.
C’est un devoir impossible parce que faire mieux est toujours envisageable, la perfection n’y existe pas et tout y est forcément compromis. Compromis avec la gravité terrestre, avec les capacités humaines, avec les acteurs et leurs contraintes diverses.

Et pourtant, chaque matin, un sentiment si fort me lève instantanément, comme ces 30 000 autres architectes français, et tous les autres en Europe, dans le monde, qui partagent mon quotidien : la certitude d’améliorer chaque jour la Vie, sans qu’elle ne le remarque vraiment, comme le feraient des super-héros de l’ombre.

Être architecte, c’est ça. C’est un choix de vie complètement fou, mais qui nous donne une force démesurée que rien ne peut vraiment arrêter.

Notre métier ne sera jamais un métier comme les autres. Transformons-le, c’est une nécessité urgente, mais ne le transformons pas en un « travail ». Élargissons-le, spécialisons-le parfois, perfectionnons-le, expliquons-le davantage, adaptons-le à notre siècle, à nos nouvelles habitudes, nos nouveaux besoins, nos nouveaux modes de communications, nos nouveaux rêves.

Être architecte est – et doit rester – un devoir, envers les autres.

Le bahutier, architecte

6 commentaires au sujet de « Architecte, un travail difficile ? »

  1. Lemonnier

    Architecte - Ville < 50.000 habitants
    Chapeau! Tout est dit – île partage, partage et partage…. merci cela fait un grand bien!

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  2. Xavier Fourot

    Architecte - Ville < 50.000 habitants - 63150
    D’accord sur le fait que notre métier ne peut pas s’exercer correctement sans passion. Mais pas d’accord du tout sur le reste. Comme tout travail, notre activité comprend des tâches ingrates qu’il faut bien faire. Et comme tout travail, notre activité doit être rémunérée à sa juste valeur. Le fait de ne pas la considérer comme un travail la dessert. Non seulement du point de vue des maîtres d’ouvrages qui ont du mal à la cerner que du point de vue de l’architecte. Comme tout travailleur, nous avons besoin de reconnaissance de notre travail et de notre valeur ajoutée. Les activités d’artiste-peintre, de sculpteur, d’artiste plasticien sont autant de travaux. Pourquoi la nôtre ne le serait pas ? En quoi la qualifier de travail, lui enlèverait sa part de passion , en quoi la reconnaître comme un vrai travail lui enlèverait sa qualité ?

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    1. Le bahutier

      Architecte
      Bonjour Xavier et merci pour ton message, nous sommes ici pour débattre, c’est tout l’intérêt.
      Lorsque je parle de devoir, c’est pour moi bien supérieur à un travail comme celui d’un peintre ou d’un sculpteur. Plus proche du serment d’hyppocrate des médecins. Une activité vitale plus qu’une activité « facultative pour certains ». Et au même titre qu’un médecin ou même un pompier sont indispensables, notre rémunération et nos conditions de travail devraient être plus justes, bien sûr.
      Peut-être aurais-je dû écrire : « Ce n’est pas qu’un travail »
      Honnêtement, si ce métier est un travail, c’est le plus absurde de tous. Autant défendre quelque chose de plus fort ?
      Au plaisir d’en débattre le 7/7 à Paris ?

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      1. armand

        Autre - Métropole
        et bing ! prends ça dans les dents, pour moi qui suis sculpteur !
        et qui en tant que tel, m’intéresse à l’architecture. J’aimerais ne pas devoir faire de généralités et ne pas dire que les architectes n’ont pas de culture artistique ! (on peut aussi souvent dire que les artistes n’ont pas de culture architecturale je sais)
        mais que dire quand je lis que le travail d’architecture est « bien supérieur à un travail comme celui d’un peintre ou d’un sculpteur » ?
        que les architectes ont la grosse tête ??
        je me demande quant à moi pourquoi on n’arrive pas à sortir des logiques corporatistes…

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  3. GEORGEL

    Architecte - Village - 88650
    Ce genre de prose facile et « tripale » me parait un peu immature.
    On choisi un métier à partir de sa propre expérience d’enfant puis d’adolescent. On devient vraiment architecte après une bonne décennie de pratique, au grès des opportunités et dans un environnement relationnel donné.
    Réclamer à corps et a cris une reconnaissance sociale qui ne vient pas est une perte de temps.
    Sur l’échelle objective de l’utilité sociale, l’architecte est moins important que l’agriculteur ou que le maçon. Je le considère à la hauteur des professeurs des écoles et des prostitués. Il me parait largement plus estimable que militaire ou missionnaire.
    Notre seul devoir est de mettre du sens dans l’aménagement de l’espace.
    C’est une oeuvre qui ouvre sur tous les possibles, et c’est là son grand intérêt.
    Que l’oeuvre soit modeste ou arrogante, elle sera vécue par nos contemporains puis par nos enfants, sans qu’ils doivent subir une formation initiale, ni rendre hommage à son concepteur.
    Chercher à introduire de l’irrationnel ou du mystique dans le regard que l’on porte sur notre métier, ne conduit qu’a de la frustration.
    Lier le programme, le budget, les réglementations avec le contexte et l’histoire devrait suffir à combler une vie de travail.

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