Intérêts privés et ambition architecturale

- par Jean-François Authier, architecte. Comment fabriquer la ville ?

Nous vivons une situation politique où le partage des rôles entre le public et le privé évolue vers la prépondérance des élus en tant qu’encadrant des actions plutôt qu’en tant qu’acteur opérationnel. Cette forme de partage entre le public et le privé, résultat d’une évolution progressive et non programmée, n’en demeure pas moins une réalité irréversible de la fabrique de la ville d’aujourd’hui.

Cette réalité, composante essentielle de l’écosystème dans laquelle les architectes œuvrent, doit être envisagée comme une opportunité pour le projet alors même que beaucoup de conditions sont réunies pour dégrader celui-ci.

C’est à mon sens un des enjeux de la profession, celui d’accompagner cette profonde mutation du jeu des acteurs plutôt que de la subir.

De ce point de vue, le questionnement de nos pratiques est une nécessité plus qu’une interrogation : comment concilier les intérêts privés avec ceux du public mais également avec les ambitions d’une architecture, créative et qualitative, des bâtiments et des espaces publics.

Au-delà de l’importance du talent pour l’architecte à fabriquer des propositions, c’est dans l’équilibre entre l’invention et la maitrise du projet que doit se situer, selon moi, le positionnement des agences.

Le contexte de notre pays a fabriqué un clivage entre les architectes dits « créatifs » et marketés et les architectes dits « faiseurs » indispensables à l’aboutissement et à la fiabilisation du processus. Je parie pour ma part sur le potentiel de ces complémentarités plus que sur leur opposition.

Jean-François Authier, architecte

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